Dimension parallèle

Elrys se détendit, il s'allongea contre le killiux et avant de s'endormir il lui répondit.

- Dors Ellenwen, je veillerais sur vous, un lit t'attends a l'intérieur. Nous aurons beaucoup à penser demain.

Ellenwen émit un sifflement agacé. "Je veillerais sur vous..." elle était curieuse de voir comment il pouvait veiller sur eux en dormant. Et s'il croyait qu'elle ne passait pas actuellement son temps à penser, il se fourrait le doigt dans l'oeil. Elle haussa les épaules et resta à le regarder un long moment puis elle marmonna quelque chose de tout à fait incompréhensible et à peine audible mais d'où il se dégagea qu'elle comparait le génie à une cuillière à soupe, personne à part elle ne sachant pourquoi. Elle venait pour le consoler et elle s'entendait dire qu'il fallait qu'elle aille dormir. De quoi s'arracher les cheveux. Soit il voulait l'embêter, soit il était vraiment en manque d'inspiration. Elle soupira doucement puis dit sagement :

-Bonne nuit. Dors bien.

Elle se leva lentement, s'étirant en silence. Puis, après être restée un dernier instant à regarder la nuit, elle se dirigea vers la demeure de ses parents. Quelques pas plus loin elle dit, sans se retourner :

-Une chambre vous attend dans la maison.

Elrys se releva et la suivit, le Killiux quant à lui s'ébroua et s'émoigna de la maison, il cherchait sans doute un coin tranquille ou il n'aurait pas a subir les discussions de deux créatures. Pendant ce temps Elrys rattrappa Ellenwen.

- Merci pour la chambre, ca ira ? Tu en as beaucoup appris d'un coup. Si tu veux en parler n'hésite pas. Je te dirais ce que je sais.

Ellenwen ralentit peu à peu l'allure en entendant le génie marcher derrière elle. Elle l'attendait. Elle était surprise qu'il la suive et l'accompagne, elle pensait qu'il serait resté en arrière, sur son rocher. Sans doute en avait-il eu l'intention dans un premier temps. Elle resta un instant silencieuse après que la question lui fut posée. Puis elle dit brièvement :

-Ca va... ne t'inquiète pas. Pour l'instant je n'ai pas trop de questions à poser...

Thiraël marchait dans une prairie. L'herbe y était haute et lui chatouillait les jambes et deux grands soleil lui réchauffaient le corps. Il n'y avait personne autour de lui, et la prairie ne semblait jamais se finir: il voyait des arbres au loin, autour de lui mais il ne se rapprochait jamais d'eux. Il finit pas trouver une grosse pierre où il s'installa. Il resta un long moment, appréciant la chaleur des soleils. Quand soudain, il sentit une augmentation de chaleur considérable. Il ouvrit les yeux et vit les deux soleils beaucoup plus gros et d'un rouge sang. Il n'eut pas le temps de réagir quand la pierre s'ouvrit en deux. Il tomba dans un gouffre sans fin dont les parois représentaient les têtes de Modrak qui lui criaient:

-Tu as échoué ! Tu as échoué ! TU AS ÉCHOUÉ !!!

Thiraël se réveilla en sursaut, tout en sueur, son lit était trempé. Il regarda autour de lui, la chambre n'avait pas bougé. La nuit l'enveloppa de son silence. Mais même avec cette absence de bruit, Thiraël ne trouva pas le sommeil une deuxième fois. Il aiguisa donc ses lames, assis sur son lit, tout en réfléchissant à ce rêve étrange.

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

Serkelunea, qui somnolait paisiblement dans un fauteuil non loin de là se redressa doucement en entendant des lames crisser. Toujours sous sa forme de chat elle se redressa, tout sens aux aguets avant de se détendre légèrement quand elle constata que le bruit venait de la chambre du rebelle. Sans doute celui-ci s'était-il éveillé et s'occupait en polissant ses lames. Elle esquissa un vague sourire félin et se dirigea vers la porte, qu'elle poussa du bout de son museau avant de venir se pelotonner sur le lit, dévisageant le rebelle de ses grands yeux verts.

Le rebelle se tendit et arrêta son polissage quand il vit la porte s'entrouvrir. Il se redressa en silence, les sabres dans ses mains, prêt à sauter sur l'intrus, mais quand il aperçut le chat il se détendit, se rassit, et posa ses lames sur la table.

-Vous auriez pu frapper avec d'entrer... Ça vous aurez évité deux épées en argent dans le ventre...

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

-Vous avez déjà vu un chat frapper aux portes vous ? Moi pas encore... et puis pour passer inaperçu c'est tout de même une des choses les plus pratiques. Nul ne fait attention à un chat, pattes de velours et griffes de fer. En revanche si vous pouviez éloigner vos armes en argent je vous remercierais. Vous savez que nous n'aimons pas beaucoup cela.

Thiraël rangea ses armes dans son armoire et revint s'assoir sur le lit, silencieux.

-Est-ce moi qui vous ai réveiller ? dit-il pour casser le silence.

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

-Je ne dormais pas vraiment. Les génies ne récupèrent pas leur énergie en dormant. Ca les repose vaguement voilà tout. Disons que vous m'avez tiré d'un demi sommeil somnolant et vigilant. Sans gravité d'ailleurs.

Elle reprit une forme humaine, sachant combien il pouvait être désagréable à des personnes humaines de parler avec des êtres habituellement non doués de paroles.

-Vous semblez bien triste et bien pensif... que pensez vous d'Ellen ?

Thiraël sourit à demi en voyant un visage humain. C'était bien plus facile comme cela.

-Ce que j'en pense... Je pense que c'est une fille bien, intelligente, franche; mais avec tout ce qu'elle vient d'apprendre elle doit être un peu perturbée, aussi forte qu'elle soit. C'est votre amie n'est-ce pas ?

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

-Je pense qu'elle va bien plus mal qu'elle ne le montre et qu'elle ne le montrera jamais. Ce ne doit pas être facile de retrouver des parents qu'on a cru mort depuis sa plus tendre enfance, d'être enfermée dans un monde qu'elle ne connait pas et que la seule personne qu'elle considérait comme un ami vous a plus ou moins trahi.

La génie eut l'air songeuse pendant une poignée de secondes. Elle avait remarqué qu'Ellenwen semblait également passablement triste et bouleversée avant même d'apprendre l'histoire d'Elrys. Et dans le même temps elle avait remarqué que Modrak, le génie qui avait tenu à aller sauver Ellen n'était plus là... et elle craignait le pire. Et la question de Thiraël était intéressante... elle méritait réflexion du moins...

-Je ne sais pas vraiment. Je n'avais jamais réussi à cela auparavant. Pour moi c'était surtout quelqu'un qui voulait aider les génies et qui les traitait en égal. Pour une fois que cela arrivait. Et en plus elle était sincère. Folle mais sincère. Alors j'ai commencé à la voir régulièrement. Mais je ne pense pas que je la considérais vraiment moi-même comme une égale. C'était une "humaine". Désolée de dire ça... Mais je crois que depuis cette histoire je commence à la voir un peu autrement. A vous voir un peu autrement. Elle a sauvé un des nôtres de la main en sachant parfaitement qu'il s'agissait d'un guet apens elle l'a suivi pour ne pas qu'il se fasse torturer. Et si elle s'est retrouvé ici c'est pour libérer Elrys de l'emprise d'un magicien qui le torturait. Elle est assez incompréhensible. Mais je pense que je ne la connais pas assez bien pour la considérer véritablement comme une amie.

Thiraël réfléchit un instant. Peut-être que Serkëlunëa savait quelque chose...

-Pourquoi Ellewen est aller sauvé Elrys alors qu'elle a tué mon ami ?

Thiraël eut du mal à prononcer les derniers mots mais il ravala ses larmes.

-Étaient-ils ennemis ?

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

Serkelunea resta muette un certain temps. Elle comprenait enfin le pourquoi du comment. Modrak, il devait être ami avec Modrak et celui-ci était bien mort. Elle se mordilla les lèvres et regarda le rebelle dans les yeux. Elle ne put s'empêcher de sentir un petit pincement au coeur en voyant deux larmes perler aux coins de ses paupières. Voilà donc pourquoi il en voulait tant à la jeune magicienne, pourquoi il n'avait pas hésité à venir la chercher. Mais il lui manquait manifestement quelques petites données. Elle posa doucement sa main sur son bras et lui dit avec une grande douceur :

-Non, ils n'étaient pas ennemis. Et je doute très fortement qu'elle l'ai tué. Elle n'aurait jamais fait une chose pareille, elle ne tuait jamais. En plus ils s'aimaient beaucoup tous les deux tu sais. C'est lui qu'elle a suivi chez son maître alors qu'il l'avait prévenu qu'il s'agissait d'un traquenard. Elle ne voulait pas qu'il soit torturé. Et ce jour là elle lui a sauvé la vie et l'a liberé d'un maitre cruel. Et c'est lui qui a choisi de la suivre lorsqu'elle est parti sauvé Elrys. Il a vu qu'elle ne revenait pas et a volé à son secours. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais je suis presque sure qu'elle n'est pour rien dans la mort de ton ami. D'ailleurs elle semble profondément triste, au delà de tout ce qu'elle a pu apprendre sur ses parents et sur Elrys. Je ne l'avais jamais vu ainsi auparavant. Elle semble porter le deuil...

Thiraël posa sa tête entre ses mains.

-C'est vrai que dans son message il disait juste: cherche Ellewen. Rien d'autre. Je me suis dit que c'était la tueuse. C'était mon seul ami vous savez, on se connaissez depuis tout petit, quand je me suis réfugié à Prague plus précisèment. Jamais je ne pourrais l'oublier.

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

La génie lui serra doucement le bras, avec compassion. Elle avait du mal à comprendre ce que le jeune homme ressentait, elle-même n'avait jamais véritablement eu d'amis. Mais elle sentait l'émotion du jeune homme, et cela lui faisait mal. Elle s'imaginait perdre quelqu'un qu'elle avait connu depuis toujours et elle se rendit compte qu'elle avait commencé à s'attacher à quelques personnes.

-Je comprend ce que tu veux dire... et je comprend que tu ais réagi comme ça. Même si j'ai un peu de mal à imaginer l'amitié qui vous liait. Mais je pense que, dès qu'elle sera là tu devrais en parler à Ellen. Elle l'aimait beaucoup elle aussi et elle souffre de sa mort. A deux vous seriez plus fort... Mais je pense que s'il vous a parlé c'est qu'il tenait à toi et qu'il voulait te parler une dernière fois. C'est une belle preuve d'amitié. Garde un beau souvenir de lui, c'est comme s'il vivait encore.

-Mais justement, ça faisait si longtemps qu'on ne s'était pas vu... quand j'avais 15 ans je crois, et je n'ai rien fait pour le revoir après. Maintenant tout ce que j'ai de lui c'est un message...

Thiraël était pris de remords et de tristesse.

Admin Nombre de messages : 361 Date d'inscription : 28/10/2005

Serkelunea lui caressa doucement la joue du bout du doigt pour essuyer une larme qui venait de rouler sur la joue du jeune homme.

-Il ne t'a pas oublié lui. Malgré le temps il ne t'avait pas oublié et il savait que toi non plus. Et puis je pense que même si tu avais vraiment chercher à le revoir tu n'aurais sans doute pas pu. Il a sans doute été beaucoup invoqué et tu aurais risqué ta vie pour le voir. Chacun de vous a eu des vies différentes du fait de vos conditions. moi je trouve ça merveilleux que malgré cela tu sois la seule personne a qui il a parlé avant de mourir.

Thiraël ravala ses larmes et s'essuya les yeux d'un revers de main.

-Tu as peut-être raison. Pourquoi m'a-t-il demandé d'aller voir Ellewen alors ? Si ce n'est pas pour la tuer.

Elrys se retourna sur le pas de la porte, il n'avait pas besoin de dormir de toute façon et la personne la plus troublé n'était sans doute pas lui.

- J'aurais plutôt tendance à croire que tu as tellement de soucis que tu ne sais pas par lequel commencé. Il c'est passé beaucoup de chose te concernant, des choses merveilleuses et d'autres plus sombres, tu dois trouver la force pour en parler àquelqu'un que ce soit tes parents ou tes amis.

- Moi j'ai plus de questions qu'il n'y parait, mais j'attendrais de savoir ce qui te travaille avant de m'occupper de mes soucis. Si tu veux en parler je t'écoute, de toute façon le sommeil ne m'apportera rien, le seul moyen de récupérer mon énergie serait de retourner dans mon plan.

Il ouvrit alors la porte et sinstalla dans un fauteuil disposé dans un coin de la pièce, à proximité d'une cheminé ou un feu crépitait doucement. La chambre était simple et fonctionnel, avec un bureau et sa chaise et le lit disposé contre un des murs de la pièce. Elrys avait volontairement laissé la porte ouverte comme une invitation à la magicienne.

Ellenwen s'arrêta dans le salon, regardant Elrys avancer jusque dans sa chambre. Il avait parfaitement raison du moins sur le fait qu'elle avait beaucoup de choses qui tournaient en boucle dans son esprit. Mais elle savait aussi qu'elle était totalement incapable d'en parler. Elle resta muette et fixe un long moment tout en le regardant se diriger vers sa chambre, en ouvrir la porte et y rentrer. Elle sourit lorsqu'elle vit qu'il ne fermait pas sa porte. Il était vraiment décidé à l'aider. Elle secoua doucement la tête puis commença à se diriger vers sa propre chambre. Au bout de quelques pas elle s'arrêta, se retourna et considéra la porte ouverte qui semblait l'inviter. Avec un soupir elle fit demi tour et entra chez le génie. Elle s'assit sur son lit, le fauteuil était occupé, et se laissa aller, le dos contre le mur, les yeux fermés.

-Je suis fatiguée...

- Fatigué par quoi par les évènements ? Ou si c'est de fatigue physique, tu peux dormir ici, je resterais la, j'ai suffisament de choses à ruminer pour ne pas vagabonder.

- Si tu veux parler par contre de fatigue morale, c'est pas évident pour moi d'en parler puisque j'en suis en partie responsable.
Enfin je suppose que ca te fait du bien de les revoirs ?
Si tu veux qu'on parle d'autres choses, je suis ouvert.

Ellenwen rouvrit les yeux une fraction de seconde pour regarder le génie en souriant. Il était parfaitement assommant. Et parfaitement adorable. Il était peut-être temps pour elle qu'elle fasse confiance à quelqu'un et qu'elle arrive à dire plus de deux mots à suivre sur elle-même. Après tout, tout ceux qui étaient là le méritait. Ils étaient venus à son secours alors qu'ils auraient bien pus rester dans leur monde clos et en sécurité.

-je suis fatiguée mentalement et physiquement... je croyais mes parents morts et je les retrouve vivant. Celui que je pensais être mon seul ami d'enfance me tend un piège et m'envoie ici. Et j'apprends dans la foulée qu'il savait que mes parents étaient vivants et il ne me l'avait jamais dit...

Elrys resta silencieux, il comprenait cette douleur mais il ne savait comment répondre à cette détresse. Il s'approcha donc du lit et se posa à ses côtés.

-Je crois comprendre tes sentiments Ellenwen. C'est un coup dur, mais au final ça c'est plutôt bien déroulé, réfléchis, tu as encore tes amis et tes parents sont encore en vie.
Mais tu ne pouvais pas te douter de ses intentions, les humains sont comme ça crois-moi, depuis le temps que je foule cette terre, j'ai vu bon nombre de trahison.
Je ne veux pas sous-évaluer ta douleur, je pense juste que l'esprit humain est ainsi fait qu'il nous amène de surprise en surprise.
Pour exemple, je n'aurais jamais pensé me lier d'amitié avec ta famille et avoir une complicité avec un être humain. Tu fais parti pourtant des exceptions.
C'est juste qu'il n'a pas eu la chance d'avoir ton éducation et qu'il a sombré dans les folies de son père. Un ambitieux de premier ordre.
Il faut que tu ai confiance en ceux qui te sont cher.

Elrys se retourna vers la magicienne, il avait toujours cette impression de retrouver dans la femme qu'il voyait aujourd'hui la jeune fille qu'il avait connu des années auparavant. Elle avait changé et avait beaucoup mûri, mais au fond sa naïveté était resté. Cette même naïveté qui venait de lui brisé le coeur, la rendait aussi incroyablement gentille et attirante.

Ellenwen eut un sourire triste et cynique... parfaitement désabusée. Comme si elle ignorait tout cela... elle savait déjà qu'il l'avait trahi en devenant ce qu'il était, arrogant, fier et méchant. Mais cela lui faisait mal de savoir qu'au fond ils n'avaient jamais été amis. Elle n'aurait jamais donc quelqu'un vers qui se tourner ?

-Oui... je le savais... ce n'est pas vraiment ça qui fait mal. C'est qu'au fond je ne l'ai jamais connu et il m'a toujours menti... même quand on était tout petit et que je le consolais. Je ne sais même pas si j'ai eu un ami un jour... et si j'en ai aujourd'hui... Enfin... elle prit conscience de la méchanceté inconsciente de ses paroles. Le génie venait l'aider, la consolait comme il pouvait, elle n'avait pas le droit de dire cela. Enfin... il y a vous... même si je vous connais à peine... Et puis... Modrak est mort... A l'évocation de son nom elle sentit les larmes lui monter aux yeux et elle dut les fermer pour ne pas pleurer. Et je ne connais plus mes parents, ce sont des étrangers pour moi. Ils ne m'ont pas vu grandir, le soir je pleurais toute seule...

Elle sourit toute seule et soupira profondément comme pour évacuer sa peine. Elle rouvrit les yeux et regarda le génie un long instant avant de conclure :

-Tu es gentil.